L’hôtel Manoir Belle Plage était à l’origine une magnifique villa anglaise de style cottage anglo-normand régence. Baptisée la Stella Maris, cette résidence d’été avait été érigée vers 1921 sur une partie du lot 41-C, que William Leblanc avait vendu à Marie-Louise Pearson, épouse de l’honorable Charles Marcil. Député du comté de Bonaventure à la Chambre des communes (1900-1937), M. Marcil était le principal responsable de l’achèvement de la ligne ferroviaire de Matapédia à Gaspé et le grand-père de la journaliste Michelle Tisseyre. En 1924, la propriété est vendue à Miss Harriet Duff Reid de Montréal. Elle l’habite plusieurs années et la vend à René C. Cullen en 1949.
Historique de l’hôtel Manoir Belle Plage
Comptant parmi les doyens des établissements hôteliers toujours existants à Carleton-sur-Mer, l’hôtel Manoir Belle Plage possède une riche histoire, dont voici les principaux jalons. Quant aux anecdotes vécues en ses murs, elles vous seront, avec un peu chance, racontées sur place…
Stella Maris
Belle Plage
En 1949, la villa est transformée en hôtel – le Belle Plage – et des motels y sont ajoutés. En 1950, Victorien et Edwige Smith en deviennent les propriétaires. En 1965, Rollande Arsenault et Raymond Comeau acquièrent l’établissement, qui grandit grâce à leurs idées et à leurs bons soins. En 1978, ils achètent un bâtiment existant de Carleton qu’ils déménagent sur le terrain de l’hôtel. En 1988, ils passent de 10 à 24 unités, construisent la réception et des salles de réunion sont aménagées. L’établissement est rebaptisé Manoir Belle Plage.
Rollande Arsenault et Raymond Comeau
Un blind date arrangé par une cousine sera la prémisse de la belle et longue histoire d’amour de Rollande Arsenault, originaire de Caplan, et de Raymond Comeau, de la Baie Sainte-Marie (Nouvelle-Écosse). Après trois ans de fréquentation, ils se marient à Montréal, où elle travaille en comptabilité et lui dans les télégrammes. En skiant dans les Laurentides, le couple dresse un parallèle entre le développement touristique dans cette région et le potentiel de la Gaspésie. Il n’en fallait pas plus pour que le duo se lance dans l’aventure entrepreneuriale, avec beaucoup de flair, mais sans expérience.
De vie et d’affaires
Le couple fait d’abord une offre au grand-père de Mme Comeau, Jos Garant, qui possède un hôtel à Caplan, mais refuse de vendre à des « petites panses » (comme il appelle les jeunes). M. et Mme Comeau se tournent alors vers un lieu plus touristique : Carleton. Esprit d’innovation, vaillance et souci constant de satisfaire la clientèle seront la clé du succès de l’établissement familial qu’ils feront croître. Au terme d’une longue maladie, M. Comeau s’est éteint en 2010, à 73 ans. Quant à Mme Comeau, elle continua de veiller sur le Manoir Belle Plage pendant près d’une douzaine d’années avant d’aller le rejoindre, en 2022.
La 2e génération
« En 5e année quand ma professeure Alice Johnson a demandé ce qu’on voulait faire plus tard, j’ai dit que je voulais devenir hôtelier. Tous les autres garçons voulaient être policiers ou pompiers », raconte David Comeau, directeur et propriétaire du Manoir Belle Plage. « J’ai toujours été fier de ce que mes parents faisaient, de leur implication dans le milieu; de l’entreprise, de ce qu’elle représentait dans le village. » Après un baccalauréat en administration, David Comeau complète une maîtrise en développement régional. Son sujet : l’industrie touristique de Carleton-sur-Mer. « Cet intérêt-là me vient de ma mère, très attachée au territoire, à l’histoire, au patrimoine. »
De la relève
David Comeau prend de l’expérience dans quelques établissements avant de revenir au bercail en 1997 pour travailler à temps complet au Manoir Belle Plage. Il en prend les rênes en 2006. « Mon père m’a laissé énormément de place et de responsabilités. Le projet de relève s’est très bien déroulé. » Le Manoir Belle Plage a toujours été, pour les Comeau, la résidence familiale. « J’ai été élevé dans l’hôtel. On mangeait au resto trois fois par jour, 365 jours. Ma mère ne s’est jamais tannée de ça! » En 2015, après avoir habité dans l’hôtel pendant 40 ans, David Comeau et sa conjointe, Maryse Tremblay, achètent une maison unifamiliale derrière l’hôtel. Ils y vivent aujourd’hui avec leurs deux filles, Marianne et Geneviève, qui s’impliquent peu à peu à leur tour dans l’entreprise.